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38° 05' 59" N
43° 24' 12" E
Հոգւոց կամ Հոգեաց վանք

Le Couvent des Esprits

(Hokwots ou Hokiats Vank‘)
Le Couvent des Esprits
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Ce couvent fortifié est situé à l’est de Chadakh [Çatak] à plus de 1900 m d’altitude dans la haute vallée du Tigre oriental, au confluent de ce dernier avec la rivière de K‘esrig ou Gasrig [Kırkgeçit], en aval du village de ce nom. La région constitue le canton arménien d’Antzévatsik‘, à l’extrémité sud-est des monts Gortoug. Le couvent est au sud de la montagne d’Arnwassar [***] et à l’ouest des cimes d’Akravouts K‘ar et de Tarpnats K‘ar au pied desquelles s’élève la forteresse de Gankwar [Örmeli].

Un texte du tournant des VIII-IXe siècles fait le récit de l’arrivée en Arménie de l’icône de la Vierge, que les apôtres présents à l’heure de sa mort avaient confiée à saint Berthélemy. Celui-ci la dépose non loin de la forteresse de Gankwar dans un oratoire qu’il dédie à la Mère de Dieu. La tradition fait remonter à cet épisode la fondation du couvent des Esprits, où l’Histoire des saintes Hripsimiennes (v. n° 29) fait aussi passer les Saintes Femmes après qu’elles ont fait halte au lieudit la Sainte-Dame (n° 32) ; il revient à saint Grégoire l’Illuminateur d’organiser le couvent en tant que tel, et la tradition veut qu’il ait été à l’origine un couvent de femmes ; elle lui accorde aussi les sépultures du roi Tiridate IV (Dertad ), et de la reine Achkhen, premiers souverains chrétiens, qu’une tradition parallèle place au tombeau des Neuf Saints de T‘ortan (n° 47). Le catholicos Nersès Ier le Grand (353-358, 363-373), de la lignée de l’Illuminateur (v. n° 47, 52), y établit une léproserie. En 868, il est un monastère constitué, qui a pour abbé Théodore (T‘éotoros). Dans la deuxième moitié du XIe siècle, le couvent des Esprit est un établissement monastique suffisamment réputé pour que le prince Philarète (P‘ilardos Varajnouni) veuille en inviter le supérieur Jean (Hovhannès) à siéger comme catholicos dans ses propres États, qui s’étendent alors de l’Arménie occidentale à la Cilicie.

L’Église de la Sainte-Mère de Dieu, bloc absidial et tambour, 2007 (Coll. privée)

C’est du couvent des Esprits qu’est originaire le docteur Vartan, qui prend en 1401 la succession de Serge de Sorp (Sarkis Sorpétsi, v. n° 15, 28) à l’université d’Ardzwaper (n° 7). À cette époque le couvent a déjà deux églises : la Sainte-Mère de Dieu et Sainte-Sion. Il est attesté comme scriptorium en 1490, 1557, 1666, 1670 et 1696 ; il paraît florissant au XVIIe siècle, notamment sous l’abbatiat de l’archevêque Pierre (Bédros), auprès duquel le bey de Khochab [Hoşap, Güzelsu] tente de déposer en 1651 le trésor enlevé au grand monastère de la Sainte-Croix de Varak (n° 1). Il est dirigé en 1668 par l’archevêque Jean (Hovhannès T‘ut‘undji), auparavant patriarche de Constantinople (Jean V, 1663-1664, 1665-1667), lequel parvient à regrouper sous son autorité les trois grands abbatiats des monastères de Varak, de Salnabad et du couvent des Esprits, avant de devenir catholicos d’Aght‘amar de 1669 à 1677 (Jean II) puis d’entreprendre en 1678 le voyage d’Éthiopie. Le tambour et la coiffe de l’église de la Mère de Dieu sont restaurés en 1765 ainsi que la plus grande partie des fortifications. Au XIXe siècle le couvent des Esprits est le lieu d’un double pèlerinage, à l’Ascension et à la fête de la Croix de Varak, mais en raison de ses importants biens fonciers, il est aussi la cible d’attaques. Au début du XXe siècle, ses prieurs entreprennent de nouvelles restaurations et ouvrent le monastère aux orphelins.

Le Couvent des Esprits est composé :

• D’un ensemble initial de constructions progressivement complétées faisant bloc avec les deux églises, et délimité par une première enceinte à tours d’angle, conservée au nord et à l’ouest ;

• D’agrandissements réalisés en direction du sud et de l’est, les uns accolés au premier ensemble qu’ils flanquent d’une nouvelle tour sud-est, les autres adossés à une plus grande enceinte aux angles également flanqués de tours, tracée dans le prolongement de la première vers le sud et l’est et englobant le tout ;

• D’une église funéraire dédiée à Saint-Jean, située hors des murs au bord du Tigre.

Le couvent comprend :

Plan générale (Thierry d’après Cuneo, 1989, 454)

• L’Église de la Sainte-Mère de Dieu (A), mononef à tambour et coiffe pyramidale et niches sous arcatures d’environ 9,9 × 4,3 m, datée probablement des X-XIe siècles et remaniée ; le tambour et sa coiffe ont été restaurés en 1765 en pierre de Chadakh – tous les blocs étant fixés au plomb à l’aide de crampons de fer – et une nouvelle fois en 1904 ;

• Un narthex (B) à coupole d’environ 6,7 m de côté à l’intérieur, placé contre la façade ouest de l’église ;

• Un second narthex (D), identique au précédent, intercalé entre celui-ci au sud et l’église Sainte-Sion au nord ;

• L’église Sainte-Sion (C), basilique triabsidiale de 8,2 × 5,4 m à abside centrale outrepassée et profondes niches sous arcatures, ouverte au sud, datée selon les auteurs des V-VIe ou des IX-Xe siècles ;

• L’oratoire de l’Archange (E), petite salle située au sud du premier narthex ;

• Un ensemble de 25 salles à lucarnes, constituant les communs en même temps qu’un dédale de passages et de corridors desservant les narthex et les églises ;

• Une enceinte quadrangulaire de 43 à 46 m de côté et de 7 à 8 m de hauteur, ouverte au sud, flanquée de quatre tours d’angle et d’une cinquième au milieu de la façade ouest, ancienne tour marquant l’extrémité sud-ouest de la muraille primitive ;

• L’église extérieure Saint-Jean (F), mononef voûtée en berceau brisé.

Le couvent possédait de très grands domaines.

Entrée de l'église vue depuis le narthex, 2007 (Coll. privée)

Confisqué après la Grande Guerre, le Couvent des esprits a été laissé à l’abandon, servant le plus souvent d’abri pour les troupeaux. Au début des années 1970, les bâtiments étaient debout, bien qu’en plusieurs endroits les couvertures étaient déjà ouvertes ou effondrées, et différentes sections de la muraille entamées au sommet, ou écroulées comme à l’angle sud-est. La coupole de l’église de la Sainte-Mère de Dieu avait perdu sa coiffe, et le tambour la plus grande partie de son revêtement. Aujourd’hui, l’ensemble des bâtiments est dans un état extrêmement critique. La plus grande partie de la muraille s’est effondrée à l’ouest tandis qu’une vaste ouverture était pratiquée dans la partie restée debout ; de même au sud, où toute la section d’enceinte située à gauche du portail d’entrée est écroulée. Se sont également effondrés plusieurs salles adossées à l’enceinte, le second narthex et la coupole de l’église de la Mère de Dieu, où quelques pierres taillées restées en place à la base du tambour permettent à peine d’en deviner la forme. L’église Saint-Jean est totalement en ruines.

Oskian, 1940-1947, III [1947], 759-778. Cuneo, 1973, 32-33 et passim. Thierry, 1989, 452-457.

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Le Couvent des Esprits
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L’Église de la Sainte-Dame
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Le Monastère de la Sainte-Croix d’Abarank‘
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