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38° 01' 26" N
42° 37' 42" E
Ապարանից Սուրբ Խաչի վանք

Le Monastère de la Sainte-Croix d’Abarank‘

(Abaranits Sourp Khatchi Vank‘)
Le Monastère de la Sainte-Croix d’Abarank‘
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La Sainte-Croix d’Abarank‘, couvent renommé, se trouve dans le canton arménien de Midcha, à environ 2400 m d’altitude sur les pentes sud-ouest du mont *Sarikhatch ou *Vank‘ [Vankin Dağ], dominant un cours d’eau qui rejoint la basse vallée de la rivière de Mogs [Müküs Çay], peu avant sa jonction avec le Tigre oriental [Botan Su]. Il est situé dans le village dont il porte le nom (Abarank‘ « résidence, palais »), non loin de ceux d‘Avëntants [***], d’Oghim [***] et de Bétar [***], à 38°01’ N et 42°37’ E. Cette région a pris à l’époque moderne le nom de Mamrdank‘.

La fondation du monastère d’Abarank‘ par l’évêque de Mogs David (Tavit‘ ) – peut-être l’un de ces nombreux moines qui avaient fui la persécution chalcédonienne en terre d’Empire – remonte au milieu du Xe siècle avec l’édification d’une église dédiée au saint Précurseur Jean-Baptiste, aux côtés d’une chapelle ou d’un martyrion préexistant datant probablement du VIIe siècle. Cette église a accueilli la tombe de son fondateur, dont la terre fut alors réputée miraculeuse. Dans les années 970 une nouvelle église, dédiée à saint Étienne, est construite non loin par son neveu et successeur Étienne (Sdép‘annos). Le désir de ce dernier de dédicacer à la Vierge un plus grand édifice trouve à se réaliser grâce à un parent dépêché avec la terre susdite à Constantinople, lequel reçoit à cette fin des jeunes empereurs Basile II et Constantin VIII, ceux-là même que Jean Tzimiskès avait auparavant abrités au château de Hantzit‘ (v. n° 62), une importante libéralité et une relique de la vraie Croix. Cette troisième église, accolée à la précédente et flanquée d’une chapelle latérale, est inaugurée par l’abbé Étienne en 983 en présence des souverains du Vasbouragan. Le moine et poète saint Grégoire de Nareg (Krikor Narégatsi, 940-1003, v. n° 21) a consacré à cet événement et à cette précieuse relique un texte célèbre.

Le reliquaire de la Sainte-Croix ou du Saint-Signe théodochos d’Abarank‘ sera transféré à Aght‘amar (n° 17) à la fin du XIe siècle, mais son nom restera attaché à son monastère d’origine. Aux XV-XVIe siècles, la Sainte-Croix d’Abarank‘ est un monastère important abritant un scriptorium. Au XVIe siècle en particulier – qui voit la restauration de l’église du Saint-Précurseur en 1542 et 1547 – ses abbés, tel Vartan en 1554 ou Thomas (T‘ouma) en 1580, ont rang d’archevêque. Au témoignage du lettré Siméon d’Abarank‘ (Siméon Abarantsi ), qui est issu de sa communauté, le monastère est sur le déclin à la fin du même siècle ; mais l’activité scripturaire y est à nouveau attestée à partir de 1638, et jusqu’en 1698. L’impulsion décisive est donnée alors par le prieur Siméon le Petit (Siméon P‘ok‘r), qui y bâtit en 1651 une hôtellerie, puis une fontaine en 1660 – sur la façade de laquelle l’architecte Khatchadour a apposé son nom – et dans le village même, en 1664, l’église paroissiale de la Sainte-Mère de Dieu. Il est possible que le narthex de la grande église ait été reconstruit à l’initiative du même Siméon, mais il peut l’avoir été en 1629 déjà à l’occasion de la rénovation du portail qu’il précède. Dans les années 1850-1860, la Sainte-Croix d’Abarank‘ est pillée. Un bey s’en approprie les bâtiments et la totalité de ses biens fonciers pour y établir sa ferme : les églises sont transformées en granges et en étables. Par la suite, ses successeurs font démolir le tambour et la coiffe de l’église du Saint-Précurseur, de même que les communs. Les manuscrits conservés dans le monastère disparaissent en même temps. Les massacres de 1895, en ruinant les villages arméniens de la région, aggravent les conséquences de ces spoliations, qui touchent aussi d’autres monastères et biens nationaux. En 1915, celles-ci n’avaient pu être encore réparées.

Le monastère de la Sainte-Croix d’Abarank‘ comprend :

Saint-Jean Baptiste, plan (Thierry, 1989, 428)

Saint-Jean Baptiste, vue générale ouest (Thierry, 1989, pl. LXIX-1)

• La chapelle ancienne, petite mononef à abside outrepassée de 5,8 × 3,3 m, primitivement ouverte à l’ouest, datant probablement du VIIe siècle ;

• Accolée au mur nord de la chapelle, avec laquelle elle communique, l’église du Saint-Précurseur, triconque inscrite à tambour et coiffe pyramidale de 7,1 × 5,4m, édifiée vers 950, restaurée en 1542-1547 mais amputée de son tambour à la fin du XIXe siècle ;

À peu de distance au nord-ouest de l’ensemble précédent :

Sainte-Croix d’Abrank’, plan (Thierry, 1989, 430)

Sainte-Croix d’Abarank’, vue générale sud-ouest, 2007 (Coll. privée)

• L’église Saint-Étienne, grande mononef sans doubleau de 12,8 × 6,1 m, édifiée vers 970 ;

• Accolée au mur nord de cette dernière, d’égale longueur et communiquant avec elle, l’église de la Sainte-Mère de Dieu, église en croix inscrite de 12,8 × 8,9 m achevée en 983, à tambour et coiffe pyramidale, à niches latérales sous arcatures s’ouvrant sur d’étroites chapelles creusées de part et d’autre de l’abside, consacrées, au nord à saint Grégoire, et au sud à saint Abdelmseh ; église peinte à l’origine, partiellement restaurée en 1629 ;

• Accolée au mur nord de l’église précédente et communiquant avec elle, la chapelle ou l’église des Saints-Apôtres, petite mononef de 9,4 × 3 m vraisemblablement contemporaine de la précédente ;

• Du côté occidental de cet ensemble, accolé à la façade de l’église de la Mère de Dieu dont il constitue l’accès, un narthex à quatre piliers et coupole centrale de 10,5 × 11,2 m, construit très certainement au XVIIe siècle, peut-être sur l’emplacement d’un précédent narthex ;

• Une hôtellerie, bâtiment à quatre piliers centraux situé au nord du second ensemble, construit en 1651 ;

• Des communs ;

• Une fontaine, édifice couvert de 7,6 × 8,1 m daté de 1660.

Fontaine, plan (Thierry, 1989, 432)

Fontaine, 2007 (Coll. privée)

On peut difficilement dissocier des monuments précédents l’église de la Sainte-Mère de Dieu du village, édifice triabsidial en croix inscrite à quatre appuis libres et à coupole de 16,1 × 12,8 m, construit en 1664.

Eglise paroissiale, plan (Thierry, 1989, 434)

Eglise paroissiale, façade ouest, 2007 (Coll. privée)

Le domaine du monastère comprenait aussi une chênaie à noix de galle, un moulin, et un vaste territoire arable de vingt-sept champs.

Le statut de ces monuments est resté inchangé après la Grande Guerre. Ils continuent jusqu’aujourd’hui à servir à des usages privés et n’ont pas été rénovés. Leur état général est extrêmement dégradé. L’église de la Sainte-Mère de Dieu conserve son tambour mais la couverture de toutes les parties qui l’entourent a disparu ; l’arcature sud voit le jour. Les églises contiguës sont en ruines.

Épriguian, 1903-1905, I, 238-240. Oskian, 1940-1947, III [1947], 821-838. Thierry, 1989, 424-434. Devgants, 1991, 175.

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38° 01' 26" N
42° 37' 42" E
Le Monastère de la Sainte-Croix d’Abarank‘
Ապարանից Սուրբ Խաչի վանք
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031
Le Couvent des Esprits
029
Le Monastère des Saintes-Femmes ou de la Sainte-Croix de Mogs
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