Le monastère de la Sainte-Mère de Dieu de Hzar est situé au sud-est de la nouvelle Khizan [Hizan, Karasu] à 38° 06’ N et 42° 29’ E, sur le versant nord de la montagne de Hzar [Haster Dağ], en amont du débouché de la vallée de Sbarguerd [Sürücüler] dans celle de Guétsan [Kesan], qui rejoint plus au sud le Tigre oriental. Pour cette raison, il a été souvent appelé monastère de Guétsan (Guétsana Vank‘ ) ; il est appelé aussi, du nom du village de Sori ou Sôri [Süreh] dont il est très peu éloigné, monastère de Sori ou Soro Vank‘.
Les données architecturales plaident en faveur d’une fondation au début du XIe siècle ; quant à la tradition, elle la fait remonter à saint Thaddée, la mettant au voisinage d’une source que l’apôtre aurait fait jaillir. Le monastère est attesté dans les textes de 1436 à 1474, puis de 1574 à 1679, sous les vocables de la Mère de Dieu, de Saint-Georges et du Saint-Sauveur. C’est un scriptorium actif, qui périclite en même temps que l’école de Khizan dans le dernier quart du XVIIe siècle. Au XIXe siècle, le monastère est la cible des pillards. Saccagé pendant les massacres de 1895, il n’a pu être relevé avant 1915.
Coupole, 2011 (Coll. privée)
Le monastère de la Sainte-Mère de Dieu de Hzar comprend :
Plan (Thierry, 1989, p.386)
• L’église de la Mère de Dieu, édifice de 8,8 × 6,7 m en croix inscrite, à coupole et tambour octogonal, à piliers en dièdre garnis de colonnettes, à abside à plan outrepassé communiquant avec deux chambres latérales, et à niches disposées de part et d’autre du bras ouest ;
• Une enceinte, dont l’angle nord-est occupé par l’église, et à laquelle étaient adossés les bâtiments conventuels ;
• Une fontaine, captant la source citée par la tradition.
La proximité du village a fait également englober dans cet ensemble monastique l’église Saint-Christophe (Sourp K‘risdap‘or) de Sori, église à double nef de 9,1 × 12,8 m ouverte au sud, datée des X-XIe siècles.
Confisqué après la Grande Guerre, le monastère de Hzar a été laissé à l’abandon. En 1974, l’église de la Mère de Dieu était debout, mais la coupole était béante tandis que le parement du tambour et toutes les pierres de couverture avaient été enlevées ; l’angle sud-est était brisé. La fontaine subsistait. De l’enceinte et des autres constructions il ne restait que des traces. À Sori même, l’église Saint-Christophe était encore visible. Depuis, l’église a perdu son tambour. De nombreuses pierres de façade ont été enlevées ou sont tombées. Les montants, le linteau et l’archivolte du portail ont disparu et, au-dessus, la façade s’est entièrement ouverte. À l’intérieur le pilier engagé nord-est est dangereusement entamé, ne supportant plus la retombée des arcs. Une voûte isolée encore visible non loin de l’église pourrait avoir appartenu à un bâtiment annexe, voire à la fontaine, s’il ne s’agit pas des restes d’une tour. À Sori, église Saint-Christophe a été détruite.
Oskian, 1940-1947, III [1947], 878-880. Thierry, 1989, 384-387.