C’est sur un terre-plein surplombant le lac de Van, à 38° 29’ N et 42° 31’ E, dans le canton arménien d’Érévark‘, qu’est établi le monastère du Saint-Précurseur, ou de Saint-Jean-Baptiste de Sorp [Reşadiye-Yelkenli], au nord-est de la localité dont il porte le nom, sur la partie occidentale de la rive sud du lac.
Un mémorial attribue à un certain Basile (Vassil), résidant dans la forteresse de Van, la fondation de ce monastère, peut-être à l’époque ardzrounide ou byzantine. Son église, dédiée au Précurseur Jean-Baptiste en raison de la présence d’une relique de ce saint, doit être vraisemblablement datée du Xe ou du XIe siècle d’après certains éléments architecturaux et décoratifs. Peut-être est-ce de cet endroit, ou plus probablement du désert de Saint-Georges (n° 28) dont il dirige l’école, que le docteur Serge de Sorp (Sarkis Sorpétsi) part en 1393 fonder à Ardzwaper (n° 7) l’université monastique qui fera alors la célébrité de ce couvent. À une époque non précisée, l’abbé Grégoire (Krikor), plus tard catholicos d’Aght‘amar, serait parvenu à reprendre ces lieux des mains d’un certain Ibrahim et de sa famille, qui les avaient auparavant accaparés. On a identifié ces personnages à l’émir Ibrahim III (1497-1507) de Paghèche [Bitlis] et au catholicos et poète Grégoire Ier d’Aght‘amar (Krikoris Aght‘amartsi, 1512-1544, v.n° 17). L’église du monastère a été restaurée au XVIIe ou au XVIIIe siècle, comme l’atteste une stèle à croix datée de 1575 insérée avec plusieurs autres dans ses murs. Cette restauration peut avoir été l’occasion de doter l’édifice d’une coupole sur tambour. Le monastère a abrité plus tard une école. Souvent attaqué et pillé, le Saint-Précurseur de Sorp l’a été à nouveau pendant les massacres de 1895. En 1915, il n’avait pu encore être relevé de ces saccages.
Fenȇtre ouest, 2012 (Coll. Maguesyan)
Le monastère du Saint-Précurseur de Sorp comprend : l’église du Saint-Précurseur ou de Saint-Jean-Baptiste, une petite mononef d’environ 6,5 × 4 m à tambour central reposant au moyen d’arcs secondaires sur l’arc triomphal et sur un doubleau, ainsi que des communs. Ces derniers ont complètement disparu ; ils ont été remplacés par des constructions qui enserrent l’église – transformée en remise – par l’ouest et le sud. Les éléments de couverture de l’église ne sont désormais plus visibles et la forme extérieure du tambour se laisse à peine deviner.
Plan (Thierry, 1989, p.243)
Oskian, 1940-1947, I, 179-184. Thierry, 1989, 243-247.
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