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39° 40' 54" N
39° 15' 00" E
Սուրբ Թադէոս առաքեալի կամ Աւագ վանք

Le Monastère de l’apôtre Thadée ou la Grande Abbaye

(Sourp T‘atéos Arakiali Vank‘ ou Avak Vank‘)
Le Monastère de l’apôtre Thadée ou la Grande Abbaye
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Connu sous le nom d’Avak Vank‘ (la Grande Abbaye), ce monastère dédié à l’apôtre saint Thaddée ou, plus exactement, aux apôtres Thaddée et Barthélemy, s’élève en amont du village de Garni [Gökkaya] à quelque 2000 m d’altitude, à 39° 40’ N et 39° 15’ E, dans un vallon situé sur les pentes méridionales de la chaîne du mont Kohanam [Köhnem] et du mont Sébouh [Kara Dağ] qui, entre Erznga [Erzincan] et Gamakh/Kémakh [Kemah], se déploie en arc de cercle sur la rive droite de l’Euphrate occidental. Englobé dans le canton de Taranaghi, le mont Sébouh est associé dans l’histoire de l’Arménie à la vie de saint Grégoire l’Illuminateur (Sourp Krikor Loussavoritch) qui, sous le règne de Tiridate IV (Drtad), fut l’artisan de la conversion du royaume d’Arménie au christianisme au début du IVe siècle. Saint Grégoire se retira dans le Taranaghi, vivant en ermite près des grottes de Mané, sur le mont Sébouh, où il devait terminer ses jours. Cette sainte montagne abrite de nombreux couvents et ermitages, dont la présence fait écho à la retraite et à la mort du saint en ces lieux. C’est le cas du couvent de l’Illuminateur, situé plus en altitude en contrebas du sommet (n° 45), ou du Tombeau des Neuf Saints de T‘ortan, où la tradition place sa dernière sépulture (n° 47). Il en est de même d’Avak Vank‘, le plus réputé de ces établissements par son activité monastique, qui, dans une vision légitimatrice, associe en un même sanctuaire la prédication apostolique et celle de saint Grégoire l’Illuminateur.

Vue générale des églises St-Thaddée et de la Mère-de-Dieu pendant le pèlerinage, 1906 (Surménian, 1947, p.87).

Avak Vank‘ ou la Grande Abbaye abrite, au XIIe siècle déjà, une importante communauté et un scriptorium productif. Il comptera jusqu’à la fin du XVe siècle parmi les premiers scriptoria et universités monastiques d’Arménie, où ont brillé, sous l’autorité de grands prieurs, comme Jean (Hovhannès), Serge (Sarkis) et Asdwadzadour au tournant des XII-XIIIe siècles, Moïse d’Erznga (Movsès Erzengatsi) et Cyriaque (Guiragos) au XIVe siècle, Georges d’Erznga (Kévork Erzengatsi) et Jean de Hamchen (Hovhannès Hamchentsi) au XVe siècle, des copistes et miniaturistes de talent, tels Vartan de Garin (Vartan Garnétsi), qui achève en 1202 le célèbre homéliaire dit « de Mouch [Muş] », l’un des plus grands manuscrits du monde (v. n° 54), ou des savants de renom comme le grand docteur Jean, homonyme et contemporain de Jean de Hamchen. À l’époque où enseignent ces derniers, dans le troisième quart du XVe siècle, la communauté semble avoir rassemblé une soixantaine de personnes au moins, dont une trentaine de novices. Le monastère est alors siège épiscopal. La triple dédicace de la Grande Abbaye à la sainte Mère de Dieu (Sourp Asdwadzadzin), au saint Précurseur Jean-Baptiste (Sourp Garabed) et aux saints Apôtres (gén. Arak‘élots) est attestée dès les premiers témoignages historiques et correspond à l’existence d’un ensemble de trois églises conservé jusqu’aujourd’hui, une quatrième étant attestée entre le XIIIe et le XVe siècle. La première pourrait être une fondation très ancienne, remontant aux VII-Xe siècles. Le monastère a été rénové ou agrandi à l’époque du prieur Moïse d’Erznga au début du XIIIe siècle. D’autres aménagements ou remaniements sont réalisés vers 1464 par le moine Asdwadzadour Dchermatsi.

L’école du mont Sébouh décline avec la conquête ottomane au XVIe siècle. Le moine docteur Malachie de Terdjan [Tercan] (Maghak‘ia Terdjantsi), parvenant à faire diminuer l’impôt sur Avak Vank‘ et l’évêché de Gamakh/Kémakh, l’enrichit cependant de nouvelles constructions, dont un second narthex à l’entrée des églises. Si, dans les siècles suivants, Avak Vank‘ ne peut retrouver son ancien éclat, il reste un lieu vénéré de pèlerinage. À partir du XVIIe siècle, la famille Prokhoroniants lui a fourni, de même qu’aux autres monastères du mont Sébouh, une lignée continue de régisseurs et de supérieurs – souvent prêtres séculiers. Le monastère a été attaqué en 1895. Le supérieur des couvents du mont Sébouh était avant la Grande Guerre le P. Vartan Prokhoroniants, dont le fils fut assassiné en 1903 et enseveli sur place.

La Grande Abbaye comprend :

Plan et coupe (Thierry, 2005, 109).

(A) L’église de la Sainte-Mère de Dieu, un édifice singulier en croix libre et toits en bâtière lui-même composé, d’une part d’une nef couverte en berceau dans sa partie occidentale et surmontée devant l’abside d’un tambour de forme octogonale à l’intérieur et rectangulaire à l’extérieur, et d’autre part de deux chapelles latérales situées au nord et au sud.

(C) L’église de Saint-Thaddée ou des Saints-Apôtres, de plus grandes dimensions, une basilique à trois nef et deux travées aux arcs appuyés sur impostes et piliers engagés des côtés est et ouest et au centre sur deux piliers de section carrée.

(B) L’église du Saint-Précurseur, voûtée en berceau et disposée entre les deux précédentes.

• Un premier narthex situé à l’entrée de l’église des Saints-Apôtres.

• Un second narthex édifié plus au sud au XVIe siècle, devant les deux autres églises.

• Une grande enceinte servant d’appui aux communs – logis, magasin, réfectoires, bibliothèque. Deux stèles à croix datées de 1466 et 1469 sont visibles dans la plus grande église, celle des Apôtres, dont le portail était embelli de deux battants sculptés. On conservait à Avak Vank‘ le Teght‘ap‘ ou « l’Antidote », une pierre précieuse gravée des portraits d’un couple impérial romain, et qui avait servi de support à une relique de l’Illuminateur. Le monastère possédait aussi des terres, bois et vergers.

Intérieur de l’église de St-Thaddée, 2008 (Coll. privée).

Avak Vank‘ a été confisqué et laissé à l’abandon après la Grande Guerre. L’enceinte et les communs ont pratiquement disparu ainsi que les deux narthex. Seules les trois églises forment un bloc compact parfaitement visible mais fortement endommagé. Une grande partie des toitures a disparu, le tambour de la Sainte-Mère de Dieu est en partie détruit et l’église des Saints-Apôtres gravement lézardée en plusieurs endroits.

Oskian, 1951, 3-25. Thierry, 2005, 109-112. Surménian, 1947, 86-88. Matévossian, 1969, 137-162.

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