Il s’agit de l’église paroissiale du village de Gue(r)z [Gözköy], situé à quelques kilomètres à l’ouest de Garin/Erzeroum [Erzurum]. à 39° 55’ N et 41° 10’ E. Cette localité comptait en 1915 quelque 160 feux, dont plus des quatre cinquièmes étaient arméniens.
Selon un témoignage consigné dans un bréviaire conservé sur place, l’église Saint-Ménas a été bâtie en 1790. Le nouvel édifice a remplacé une église plus ancienne ; de là proviennent vraisemblablement une petite pierre à croix (khatchk‘ar) datée de 1740 insérée dans la façade ouest, et, sur le retable, une icône de la Vierge datée de 1732, disparue. Du reste, une autre petite pierre à croix, conservée dans un lieu de culte secondaire du village, mentionnait des travaux exécutés en 1571.
Plan (Thierry, 2005, fig.10).
Longue de 15,4 m et large de 12,3 m, l’église Saint-Ménas est une basilique à trois nefs voûtées et quatre colonnes centrales délimitant trois travées. Le toit en bâtière culmine à 8,25 m. Il se prolonge à l’est, sur le bloc absidial, par un toit moins élevé, également en bâtière, débutant sous l’espace réservé à un oculus. L’église est éclairée par huit grandes fenêtres à large encadrement mouluré et quatre oculi. Elle était précédée à l’ouest par un clocher en bois, édifié en 1907 sur le modèle de celui de l’église cathédrale de Garin/Erzeroum. Des peintures et des icônes ornaient l’abside et certains murs. Un bâtiment voisin servait d’école.
Coupe (d’après RAA).
Confisquée après la Grande Guerre et devenue propriété privée, l’église de Guez a été relativement épargnée. Pourtant certaines voûtes, encore intactes en 1993, laissent, depuis, voir le jour, la toiture étant dégarnie. Le clocher a été abattu. À l’intérieur, les icônes ont disparu, et les peintures de l’abside sont largement effacées. Là encore, de profondes excavations ont été creusées dans le chœur et au pied des colonnes par des pillards. Fait exceptionnel, l’actuel propriétaire a entrepris des démarches en vue de restaurer l’église, après qu’on a envisagé de la démolir, comme cela s’est fait pour la plupart des églises de la plaine d’Erzeroum.
Kossian, 1925-1926, II, 176-180. Thierry, 2005, 43-44.