Le Couvent Rouge de Hintzk‘, dédicacé à la Sainte-Mère de Dieu, est situé au nord-est de Garin/Erzeroum dans la haute vallée de l’Euphrate occidental [Fırat], au pied des monts K‘arwor [***] et Khatchap‘ayd [***], sur une hauteur qui domine à l’est le village de Hintzk‘ [Dumlu, Aydınlık], à 40°03’ N et 41°22’ E.
Fondé dans la première moitié du Xe siècle par le moine Serge (Sarkis), en même temps que plusieurs autres établissements célèbres, dont les monastères de Movsissavank‘ (Saint-Georges de Khoulé, n° 63) et de Horomos (n° 82), le Couvent Rouge s’est distingué avant tout comme un couvent de cénobites, dans la dépendance duquel se trouvait un prieuré de religieuses, le Désert des Hripsimiennes, ainsi nommé en raison d’un séjour que la tradition fait effectuer en ces lieux à leur communauté à la fin du IIIe siècle (v. n° 29) : en activité au XVIIe siècle, ce dernier était au XIXe siècle à l’état de ruines. Mekhit‘ar de Sébaste (Mekhit‘ar Sépasdatsi), le futur fondateur de la congrégation Mekhitariste installée au XVIIIe siècle à Venise, a enseigné au Couvent Rouge de Hintzk‘ de 1697 à 1699 à l’époque de l’évêque Markar. L’enceinte et les toitures furent rénovées par le prieur Arak‘el (1719-1736) mais le tremblement de terre de 1770 les endommagea et, surtout, causa l’effondrement de l’église ; l’autorité provinciale s’opposa aux tentatives de rénovation, entraînant bientôt la dispersion de la communauté. Ce n’est que trente ans plus tard que, sur autorisation prise à Constantinople, l’église a pu être reconstruite et le monastère reprendre vie grâce à la diligence du prieur Mgrditch. Les pierres rouges de l’église ruinée ont sûrement été réemployées dans le nouvel édifice, notamment pour construire le tambour. Originaire de la communauté du Couvent Rouge de Hintzk‘, le poète-chanteur ocGarabed Mélikian, archevêque de Tiflis, la désigne au XVIIIe siècle comme un « temple saint de rouge vêtu, loué pour sa beauté ». Sans doute faut-il dater de 1770 également l’abandon du prieuré des Hripsimiennes. Aux XVII-XVIIIe siècles, le couvent a servi souvent de résidence aux primats de Garin/Erzeroum.
Cour intérieure (Épriguian, 1903-1905, 331)
Le Couvent Rouge de Hintzk‘ comprenait l’église de la Sainte-Mère de Dieu, édifice en croix inscrite à quatre piliers centraux à section carrée, à haut tambour et à coupole surmontée d’une coiffe pyramidale, précédé à l’ouest de gradins ; une enceinte à laquelle étaient adossés sur deux niveaux les logis des pèlerins et les cellules des moines ainsi que le reste des communs ; une fontaine à l’intérieur de la cour ; un cimetière extérieur, qui abritait notamment la sépulture du prieur Arak‘el († 1736). Le monastère possédait aussi de nombreuses terres et des moulins à eau, ainsi que le prieuré cité.
Confisqué après la Grande Guerre, le Couvent Rouge a été saccagé. Dans la deuxième partie du XXe siècle, Hintsk‘ et ses environs restaient zone militaire. Son état actuel ne nous est pas connu.
Kossian, 1925-1926, I, 103-122. Oskian, 1951, 125-140. Outtier, Thierry, 1990, 711. Thierry, 2005, 41-42.