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40° 16' 31" N
36° 28' 43" E
Սուրբ Յովակիմ Աննայի վանք

Le monastère de Saint-Joachim-Sainte-Anne

(Sourp Hovaguim Annayi Vank‘)
Le monastère de Saint-Joachim-Sainte-Anne
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À la ville d’Eudocie (ou Doceia) – Evtoguia [Tokat] – est associé le nom d’un des plus vénérés pères de l’Église, saint Jean Chrysostome (Sourp Hovhan(nès) Osguépéran), évêque de Constantinople († 407) que l’impératrice Eudocie avait fait exiler dans l’Anti-Taurus à Cucuse – Goguisson [Göksum] – et qui devait terminer ses jours non loin d’Eudocie, à Comane – Gomana [Gümenek] – aux confins de la Petite Arménie et du Pont, sur le chemin d’un second exil. Saint Jean Chrysostome a été particulièrement honoré par la tradition arménienne, qui lui attribue un Panégyrique de saint Grégoire l’Illuminateur et lui connaît une tombe non loin d’Eudocie, dans le voisinage du village de Bidzar [Bizeri, Akbelen]. Avec l’installation à Sébaste du roi ardzerounide Sénék’érim-Jean en 1021 (v. n° 17 et 70), un monastère arménien s’est constitué autour de ce sanctuaire. Ce monastère (Hovhan Osguépérani Vank‘) – grand lieu de pèlerinage – s’est maintenu jusqu’au XXe siècle ; mais, tout naturellement, les Grecs y avaient également une chapelle, où officiait leur clergé. Cette circonstance explique que le siège épiscopal d’Evtoguia/Tokat, ville qui a toujours eu une importante population arménienne, n’ait pas été fixé en ce lieu, mais qu’il ait pris appui sur un autre monastère, celui de Saint-Joachim-Sainte-Anne, dont les prieurs étaient le plus souvent les titulaires du siège. Celui-ci est bâti au sud-est de la ville, à 40°16' N et 36°28' E, sur le flanc du mont Yalacık, dominant le village de Bisguen [Biskeni, Dereyaka] et la plaine de Ğazova traversée par l’Iris [Yeşilirmak]. L’attribution de sa fondation aux apôtres de l’Arménie mais aussi à saint André fait supposer qu’il a été primitivement un établissement grec.

Ce monastère a été certainement florissant au XVe siècle. L’inscription d’une porte ancienne qui y était conservée, datée de 1479, faisait état de travaux de rénovation entrepris par l’archevêque Grégoire (Krikor) à l’initiative de feu le catholicos de Sis [Kozan] Garabed Ier d’Eudocie (Garabed Evtoguiatsi, 1444-1477). Cette porte avait était ouvrée par le moine Jacques de Jérusalem (Hagop Érousaghématsi). La dédicace du monastère à saint Joachim et sainte Anne, père et mère de la Vierge Marie, procède peut-être d’une intention de Garabed Ier, premier catholicos de la nouvelle lignée cilicienne, d’affermir les liens de son diocèse d’origine avec le couvent patriarcal de Sis, placé lui-même sous le vocable de Sainte-Anne. Le mémorial du monastère précise qu’il a subi des destructions dans les années 1562-1564. Cependant, sous l’abbatiat du docteur Jacques de Zeyt‘oun (Hagop Zeyt‘ountsi), vers le tournant des XVIe-XVIIe siècles, le poète Étienne de Tokat (Sdép‘anos T‘okhatétsi) le décrit comme un monastère actif. En dépit de sa démolition ordonnée par un pacha en 1654, le monastère semble déjà relevé en 1673. Malheureusement, si une nouvelle restauration est réalisée en 1720 par le religieux Mardiros, dit le Constructeur (Mardiros Chinogh, † 1721), en 1723 l’autorisation de rénover une église arménienne en ville déchaîne la fureur de fanatiques qui, après l’avoir abattue, s’attaquent au monastère qu’ils pillent et dont ils incendient les communs.

La rénovation complète du monastère de Saint-Joachim-Sainte-Anne aura lieu en 1828, immédiatement après le tremblement de terre de 1827. Elle est l’œuvre de l’archevêque Kévork [Georges] Zmurniatsi (de Smyrne [Izmir], † 1832), qui reconstruit l’église en pierres jointives, ainsi que les logis, l’enceinte et les bâtiments extérieurs. Ce programme est poursuivi par le P. Kalousd Bondjoukian (1832-1833, 1838-1841, 1848-1861), qui prolonge l’église d’un narthex à coupoles élevé au-dessus de la sépulture de son prédécesseur et étend les aménagements hydrauliques du monastère. Il revient à l’évêque Hagopos Séropian d’y établir en 1848 une école – une précédente école avait fonctionné de 1834 à 1838 – à laquelle succédera en 1883 un séminaire. Ce primat, par deux fois patriarche de Constantinople (1839-1840, 1848-1858), aura mené à bien auparavant la restauration du monastère de Saint-Jean Chrysostome, qu’il aura doté d’une nouvelle église. L’un de ses successeurs, Mardiros T‘okatétsi, sera d’ailleurs alternativement supérieur de Saint-Joachim-Sainte-Anne et de Saint-Jean Chrysostome. Le dernier prieur du monastère de Saint-Joachim-Sainte-Anne a été le P. Nersès Mgrditchian, mort en 1915 en déportation.

Le monastère de Saint-Joachim et Sainte-Anne comprend :

• L’église, dédiée à saint Joachim et sainte Anne, père et mère de la Vierge, édifice de petites dimensions dépourvu d’appuis libres, élevé en 1828 à l’emplacement d’une précédente église, elle-même reconstruite après 1654 et restaurée en 1720. Une plus ancienne église, construite ou rénovée avant 1478, avait été détruite puis réédifiée dans les années 1560. L’autel était pourvu d’un baldaquin fleuri à coupoles et décor rayonnant. De part et d’autre étaient placés deux tableaux, qui avaient été lacérés lors d’une incursion contre le monastère en 1897 : ils représentaient saint Nicolas et saint Jean Chrysostome.

• Un narthex à deux coupoles élevé en 1838-1839 devant l’église. Il abritait les sépultures des deux prieurs bâtisseurs Kévork Zmurniatsi et Kalousd Bondjoukian.

• Une enceinte, restaurée en 1720 et 1828, comportant deux portes, nord et ouest, à laquelle étaient adossés, à l’est, les logements des moines et pèlerins répartis sur deux niveaux, construits en bois ; au sud, la prélature ; au nord, l’école, le réfectoire, les cuisines, magasins et celliers ; à l’angle nord-est, un clocher en bois. Une fontaine était aménagée dans la cour.

• Des bâtiments agricoles situés près de la porte nord, un moulin et, plus haut, une bergerie.

• Un cimetière. On y voyait une inscription funéraire de 1468, et une autre, datée de 1314, provenant de l’église Saint-Nicolas d’Eudocie, détruite en 1645.

Le monastère possédait des terres arables, des pâturages et des boutiques en ville.

Confisqué après la Grande Guerre, le monastère de Saint-Joachim-Sainte-Anne et son domaine ont été d’abord transformés en camp militaire. Une partie de ce domaine abrite aujourd’hui un centre hospitalier. Les bâtiments anciens seraient partiellement conservés.

Alboyadjian, 1952, 730-738. Akinian, 1961, 963-964. Oskian, 1962, [viii], 10-2. Aznavorian, 1978, 33-51. Gulessérian, 1990, 49. Dzovagan, 1993, 281-284.

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40° 16' 31" N
36° 28' 43" E
Le monastère de Saint-Joachim-Sainte-Anne
Սուրբ Յովակիմ Աննայի վանք
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Église Sainte-Sophie et siège catholicossal de Sis
067
Le monastère de la Sainte-Mère de Dieu à la Vue Étendue
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