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Le monastère de la Sainte-Mère de Dieu à la Vue Étendue s’élève à 38° 17’ N et 39° 45’ E, à l’extrémité *sud-est de la montagne qui domine la ville d’Arghën (Ergani), sur un promontoire situé dans le prolongement de la forteresse.
C’est là, à l’emplacement d’un petit ermitage, que l’évêque d’Amida (Dikranaguerd [Diyarbakır]) Mgrditch Naghache, qui avait reçu d’Othman Chah autorité sur l’ensemble des chrétiens arméniens ressortissant des Turcomans du Mouton Blanc (v. n° 23), bâtit en 1434 une église à dôme, la Sainte-Mère de Dieu « à la Vue Étendue ». Il y dépose sept charges des reliques sauvées de la destruction de Martyropolis ou Nëpërguerd [Silvan], reliques dont la plus grande partie avait été acheminée au monastère du Saint-Précurseur de Mouch (n° 53). La Sainte-Mère de Dieu d’Arghën abrite dès cette époque un scriptorium, qui restera actif jusqu’au XVIIIe siècle. Il revient à Éliazar d’Aïntab [Gaziantep] (Éghiazar Aynt‘abtsi), un élève de l’école de Tchënk‘ouche [Çüngüş, v. n° 79], de transformer l’ensemble en un véritable monastère, avant d’occuper de 1666 à 1682 le siège patriarcal de Jérusalem, puis le siège catholicossal d’Édchmiadzine de 1682 à 1691. Nommé supérieur de la Sainte-Mère de Dieu en 1647, Éliazar d’Aïntab en rénove l’église, qu’il prolonge à l’ouest par un narthex et qu’il entoure d’un réseau serré de logis et de cellules ; il réédifie l’enceinte, dont les parties nord et ouest s’effondreront toutefois en 1690 ; enfin il dote le monastère de plus d’une centaine de manuscrits, dont la Bible enluminée sur parchemin de Khatchadour d’Adiche (Khatchadour Adichétsi, 1648) qu’il fera compléter à Amida (Dikranaguerd [Diyarbakır]).
Son successeur Isaac Ier d’Amida (Issahag Amtétsi, 1685-1713 ?) est aussi primat d’Amida/ Dikranaguerd, ce qui sera par la suite le cas de plusieurs autres prieurs. Parmi ces derniers Garabed de Sassoun (Garabed Sassountsi, 1764-1771, 1778-1795) rénove entièrement le monastère, dont il dote l’entrée d’une porte de fer (1792). Il faut signaler, au XIXe siècle, Baghdassar Dikranaguerdtsi (1832 ?-1835, † 1863), qui reconstruira ensuite le monastère de la Sainte-Mère de Dieu « à la Belle Vue » de Tchënk‘ouche et les églises de sa juridiction, et Hovhannès de Gumuchkhané [Gümüşhane] (Hovhannès Gumuchkhanétsi), auteur d’une nouvelle série de rénovations achevées en 1831. Après les massacres de 1895 qui voient le monastère pillé et sa communauté massacrée, le P. Eznig Kalpakdjian (1898-1904), sera chargé du nouvel évêché – suffragant d’Amida/Dikranaguerd – constitué autour d’Arghën, Tchënk‘ouche et Palou, dont le siège sera fixé à la Sainte-Mère de Dieu « à la Délectable Vue » (n° 66).
Ruines du monastère, 2011 (OTC).
La Sainte-Mère de Dieu à la Vue Étendue d’Arghën comprenait l’église de la Mère de Dieu, une église en croix inscrite à quatre appuis engagés, à dôme et vraisemblablement à tambour, édifiée en 1433 et restaurée au XVIIe et XVIIIe siècles ; celle-ci était décorée jusqu’aux arches de carreaux de faïence, appliqués sans doute au XVIIIe siècle, voire à l’époque d’Éliazar d’Aïntab (1647-1653), et précédée d’un narthex construit à cette même époque. Le monastère comprenait encore – se terminant en murailles au-dessus des à-pic – des logis, des cellules, des caves et des celliers. On y distinguait notamment la grande salle de la Prélature, où était la bibliothèque ; la Chambre du Paradis (en turc : Cennet odası), abritant le trésor, tapissée comme l’église de carreaux de faïence ; enfin la chambre du prieur. À l’entrée de l’église se trouvaient les sépultures des prieurs Garabed de Sassoun († 1795) et Isaac II d’Amida († 1821). Hormis les reliques de Martyropolis conservées sous l’abside, les manuscrits et les pièces de son trésor, la Sainte-Mère de Dieu à la Vue Étendue se prévalait d’une icône célèbre de la Vierge exécutée en 1655 à Constantinople et que les fidèles de Madan [Maden] avaient garnie en 1787 d’un cadre en argent de facture grecque ; dans la Chambre du Paradis, dont la porte en bois peint représentait les vendangeurs de Jéricho, étaient visibles deux tableaux montrant saint *Paul tenant le glaive et saint Pierre la clef du paradis ; dans l’église était suspendue la lampe d’argent qui était réputée la protéger de la foudre (1757). Le monastère possédait aussi des vergers, des terres arables et des propriétés de rapport.
Confisquée après la Grande Guerre, la Sainte-Mère de Dieu à la Vue Étendue a été entièrement ravagée. On voyait encore dans les années 1960 l’abside éventrée et quelques parties des murs de l’église ; en 2011 il n’en restait plus que des vestiges informes. L’emplacement du monastère entier n’est à présent qu’un vaste champ de pierres bouleversé de toutes parts, qui trahit de toute évidence une destruction volontaire et organisée. Des pierres récupérées ont servi à agrandir un petit lieu de prière musulman édifié en contrebas sur le terre plain de la forteresse. Autrefois le monastère a aussi possédé une deuxième église, bâtie au pied de la montagne d’Arghën, sans doute l’église Saint-Serge (Sourp Sarkis) du quartier haut de la ville, dont on ne voit aucune trace aujourd’hui.
Épriguean, PP, I, Venise, 1903. Oskian, SKhDD, Vienne, 1962.